Notons au passage que la zone de confort actuelle crée la stabilité et que la zone de risque génère une zone de mouvement et il est important de trouver un judicieux équilibre entre les deux.
Il y a des périodes plus créatives que d’autres. Ce sont parfois des périodes un peu chaotiques. Parfois aussi ce sont des périodes de crise. Elles sont nécessaires parce que trop de stabilité finit par tuer l’évolution et dès lors où un individu ou d’ailleurs n’importe quel groupe d’individus, n’évolue plus, il perd ce qui fait la qualité même de l’existence : l’enthousiasme.
« Un homme meurt une première fois lorsqu’il perd son enthousiasme »
Honoré de Balzac
A contrario, un homme pris dans une création permanente, ne stabilise pas ses créations. Elles demeurent à l’état de projet et finissent entassées au fond du « garage ». Autant de frustrations qui s’accumulent et qui finissent par entamer également le bel enthousiasme de départ.
Au regard de ces quelques observations, il ressort que la vie semble être un processus d’évolution qui transforme la matière « virtuelle » du rêve en réalités physiques bien concrètes et palpables. La transformation s’effectue par le biais de l’Action dont la cohérence et partant l’efficacité correspondent au plan qui la sous-tend.
En résumé, il s’agit d’élargir la zone de confort et, de cercle en cercle, réaliser le meilleur de soi-même. Le projet étant le véhicule qui nous transporte d’une zone de départ vers une zone plus large. Voilà le véritable processus créatif. Aller au bout des choses.
Les priorités correspondant à un projet d’inspiration personnel ne dépendent que de soi, mais il est assez étrange de constater qu’elles ne pèsent pas lourd, face à ces autres priorités résultant des engagements passés auprès d’autres personnes. Ce qui a fait dire à plus d’un que :
« L’ami que l’on néglige le plus n’est autre que soi-même »
Ne pas sacrifier son existence aux attentes des autres
C’est tout à fait étonnant, mais il est courant de voir des personnes qui sacrifient leur existence, c'est-à-dire la réalisation des projets qui leur tiennent à cœur au nom de projets reliés aux attentes des autres.
Puis, après quelques dizaines d’années parfois, au petit matin, un homme se lève et constate avec stupéfaction qu’il est passé à côté de sa vie.
Voici une anecdote qui illustre assez bien et de façon plutôt légère cette situation.
Il s’agit d’un menuisier de talent qui a toujours rêvé d’être pâtissier. Il se trouve que son meilleur ami est pâtissier et comble de hasard (qui adore jouer avec les symétries), lui a toujours rêvé d’être menuisier… Ce sont véritablement des amis et ils se forment mutuellement au métier de l’autre, accomplissant de cette façon l’un de leurs rêves.
Dans la vie il n’en va pas toujours ainsi et il est parfois étonnant de rencontrer des personnes qui font leur métier avec une certaine conscience professionnelle tout en étant au fond d’eux devenues quasiment apathiques par rapport à leur vie professionnelle.
En dénombrant autour de soi, le nombre de personnes qui se lèvent le matin plus par obligation que par plaisir, on comprendra mieux pourquoi les espaces de travail sont remplis de gens moroses. Ce fait demeure l’un des problèmes qui fait que des milliers de managers s’arrachent les cheveux en se demandant comment inverser cette tendance.
Morosité : lent effritement de l’espoir
Revenons maintenant au plan d’actions, Nous avons une idée qui nous tient à cœur dans le domaine professionnel mais nous pourrions étendre l’idée à tous les autres domaines de la vie.
Cette idée ne dépend que de nous. (Ce qui ne veut pas dire qu’elle se limite à nous. Bien au contraire. Le plus souvent elle s’applique à un champ qui dépasse largement le cercle de notre seule personne. En réalité, les idées qui commencent et s’arrêtent à notre petite personne ne vont pas bien loin) Et bien, si l’on y prend pas garde, si nous ne la soutenons pas si nous n’en prenons pas soin de façon très concrète et précise, il y a de grandes chances que cette idée ne dépasse jamais le stade de rêve.
À ce propos, un grand nombre d’existences pourraient être comparées à un cimetière d’idées. Ce qui reste particulièrement dommageable car ces idées qui représentaient la plupart du temps le meilleur de l’homme sont devenues l’enfer de ses plus grandes frustrations.
Revenons sur l’histoire du menuisier et du pâtissier et demandons-nous à quoi cela tient de vivre pleinement sa vie ?
Il semble que cela consiste à se laisser guider par les « choses » qui nous inspirent et nous font vibrer. Cela demande d’être vraiment à l’écoute de son monde intérieur afin de découvrir ce qui est IMPORTANT pour soi.
Sachant cela, il est parfois étrange de constater en quoi l’organisation de notre société prend finalement très peu en compte la vie intérieure. Nous ne parlons pas ici des états d’âme etc., mais de la prise en compte des intentions, des rêves et des souhaits les plus profonds appartenant à l’univers de la personne.
D’un côté on constate que ceux qui sont vraiment heureux dans l’existence sont tous à propos de réaliser des choses qui les inspirent de l’intérieur.
De l’autre ceux qui paraissent comme échoués sur le bord du chemin, vous disent que la vie n’a aucun sens.
Illustrons cette réalité en observant le fonctionnement du Conseil d’Orientation Professionnel.
Comment cela marche ?
D’un côté il y une liste d’activités correspondant aux besoins économiques tels qu’ils sont perçus par ceux qui s’en occupent. Tant de ceci, tant de cela et moins de ceci et moins de cela…
Ensuite on reçoit des jeunes et nous leur posons cette question : que veux-tu faire dans la vie ?
Remarque
Nombre de Managers, confrontés au recrutement et au management de la génération Y, se plaignent des difficultés rencontrées, principalement en ce qui concerne la socialisation et le décalage « culturel » existant entre les générations. Ce qui nous conduit à faire un aparté à propos de l’orientation des jeunes.
De l’orientation professionnelle ou du projet de vie
Les observations qui suivent sont le résultat de rencontres avec des jeunes de mon entourage suite à leur entretien avec un Conseiller d’Orientation. Il reste clair que nombre d’entre eux sont d’authentiques professionnels dévoués à leur mission et qui cherchent sincèrement à aider le jeune à trouver sa voie. Il est également assez clair aussi que nombre d’entre eux n’ont aucune idée de leur véritable mission et qu’ils ne possèdent pas le 10eme des compétences nécessaires pour l’accomplir. Par ailleurs, à la décharge des uns et des autres, le dispositif d’orientation est lui-même assez perverti du fait qu’il vient en compensation de défaillances du système qui l’englobe.
Ceci étant dit, les quelques comptes rendus d’entretien que j’ai pu enregistrer montrent de façon évidente que le conseiller n’est pas là pour écouter, entendre et déceler les intentions véritables qui se dissimulent dans ce que le jeune va lui confier, souvent avec pudeur et maladresse. N’oublions pas que cette question : « que veux-tu faire dans ta vie est une question fondamentale. » La vraie question devrait être : « Que veux-tu faire de ta vie ? » Mais cela sous entendrait que l’on reconnaisse aux gens d’être nativement propriétaires de leur vie. Or, si nous étions une majorité à le penser, il semble assez évident que nous serions dans une autre civilisation, très différente et, j’ose le croire, plus humaine.
Cette question, qui touche au plus profond de l’être, est posée à presque-encore des enfants et pas encore des adultes et il faut reconnaître que la plupart du temps rien dans notre éducation ne les a préparé à y répondre.
Notre monde d’adultes ne semble guère à l’écoute d’éventuelles réponses concernant cette question pourtant cruciale. Il apparaît en fait que nous avons assez peur de nous interroger sur ce sujet et ce pour toutes sortes de raisons qui mériteraient de plus amples développements mais que nous laisserons en l’état afin de ne pas trop nous éloigner du thème principal.
Il est donc compréhensible de les voir désemparés. Ils disent : « J’étais comme un con, à pas savoir quoi lui répondre. » Par contre de trop nombreux conseillers-orienteurs détournent leur écoute au profit d’une orientation qui prend essentiellement en compte la demande du marché telle qu’elle est perçue par ceux qui déterminent les numerus clausus*. Cela se réduit souvent par une recherche de corrélation entre les notes de l’élève et les places disponibles… Cela suppose que les notes obtenues révèlent les aspirations et choix fondamentaux d’un être humain. La philosophie qui se cache derrière cette aberration est : « Celui qui a 10 en math ne pourra jamais être médecin. » et avec 15 en math on découragera la personne de devenir Boulanger…Coiffeur… Mais il y a des : Poilane, (boulanger français de réputation internationale) des Jacques Dessange (Magnat des salons de coiffure planétaire) et des milliers d’autres etc.
Il n’est pas une seule activité humaine qui ne puisse être portée au sommet et toute activité qui contribue à la survie de l’humain est digne d’intérêt.
L’orienteur, en fait, est tout aussi désemparé que la jeune personne qui se trouve en face de lui. Il n’est peut-être même pas conscient que la réponse à la question posée correspond au problème majeur auquel tout être humain se trouve en permanence confronté. Avoir un but et donner du sens à sa vie. L’on comprendrait d’ailleurs que s’il nous était possible d’y répondre facilement, nous serions alors des millions à bondir du lit le matin, heureux d’avoir une nouvelle journée devant soi pour s’exprimer.
« Si tu aimes ce que tu fais, tu n’auras pas à travailler une seule journée de ta vie. »
Si nous voulions contribuer à la création d’un monde extraordinaire, nous aurions intérêt à avoir des procédures d’orientation différentes :
Entendre les aspirations, les éprouver par quelques expériences et ensuite faire en sorte de créer les structures permettant de les réaliser.
« La terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons aux générations futures »
Ce qui signifie que nous aurions intérêt à nous mettre au service des générations futures plutôt que de les assujettir à notre univers.
En d’autres termes, il s’agirait d’orienter notre activité dans le présent sur la base d’une vision optimale du futur, plutôt que de chercher à conditionner notre créativité afin de préserver ce qu’est devenu le passé.
Un phénomène d’inversion
L’on se croirait en pleine utopie mais constatons un phénomène d’inversion assez intéressant où nous mettons l’autre à notre service au lieu d’être nous même au service de. Regardons comment cela s’applique, par exemple, à la vente.
Orienter le client ne consiste pas à lui « fourguer » la voiture dont on cherche à se débarrasser. Certains vendeurs font cela, à leurs risques et périls, au risque même de leur réputation. Mais dans tous les cas ce sont des vendeurs malhonnêtes et par respect pour les vendeurs nous dirons que ce sont des escrocs déguisés en vendeurs.
Souvenons-nous (voir le Vendeur Ethique) que le but de la vente est d’aider le client à prendre conscience de ce dont il a besoin, de ce qui est important pour lui. Ce faisant nous l’aidons à élever son niveau de nécessité et concentrer sa motivation. Ensuite, il convient de se mettre en recherche de la solution qui répondra au mieux à cette motivation et nous finaliserons cette vente en l’aidant à prendre sa décision tout en s’assurant qu’il en retirera toute la satisfaction promise. Cette démarche ne vaut que si elle est associée à une contrepartie.
Nous pourrions maintenant remplacer le couple Vendeur-Clients par Manager-Collaborateur, Professeur-Élève, Homme de marketing-Consommateurs, Parent-Enfant etc. Ces dichotomies s’équilibrent de la façon la plus heureuse avec le concept d’Ami-Ami. Car l’on comprend qu’ils sont mutuellement associés à leur réussite.
La réussite dépendant de notre capacité à nous réaliser sur la base de Projets Personnels orienté en direction d’un meilleur futur.
La raison fondamentale de tout cela tient fondamentalement à la difficulté que nous avons d’assumer la responsabilité d’une idée virtuelle, créatrice, innovante qui nous inspire de l’intérieur et de la transformer en réalité concrète existant pleinement dans l’univers physique.
C’est un challenge. Probablement l’un des challenges les plus essentiels auquel un être humain puisse être confronté. Ce challenge s’appelle : Réaliser sa vie.
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