Suite de l’épisode 29
Voici l’histoire…
Trois hommes fatigués par la route s’assoient sur un banc et se reposent. A ce moment un vélomoteur passe avec, sur le porte bagage arrière, un panier. Le vélomoteur roule sur une bosse et la secousse fait tomber le panier. Le conducteur poursuit son chemin sans s’en rendre compte.
L’un des trois hommes, intrigué, se lève, s’avance jusqu’au panier et, à l’aide de sa canne, soulève le couvercle. Alors poussant un grand cri, il se sauve en courant. Un second personnage, alerté par le cri, lève la tête du journal qu’il lisait, observe un instant un énorme boa constrictor en train de sortir du panier. Il hausse les épaules et reprend sa lecture. Simultanément, son voisin, le troisième homme, attiré par le bruit, chausse ses lunettes, découvre qu’il s’agit d’un serpent et là, sautant sur ses pieds, s’approche du serpent, puis avec précaution le saisit et commence à l’observer sous toutes les coutures.
Fin du premier épisode… qu’avons-nous là exactement ?
Au départ trois hommes au repos, un serpent, puis trois réactions diamétralement opposées.
Un évènement : le serpent puis des émotions : la peur, l’indifférence, la curiosité et trois comportements en adéquation avec ces émotions, la fuite d’abord, pas de changement et puis une action de rapprochement. Jusque là nous n’avons rien appris que nous ne savions déjà…
Maintenant, considérons ceci : comment expliquer qu’un même évènement : le serpent, puisse provoquer trois réponses émotionnelles diamétralement différentes et leurs comportements associés ?
Aparté : évidemment je suis conscient que vous commencez à vous douter de quelque chose
Regardons cela de plus près.
Pourquoi le premier personnage prend la fuite… parce qu’il a peur pardi ! Mais pourquoi a-t-il peur ? A cause du serpent mon vieux, t’es aveugle ou quoi. OK. Mais pourquoi les autres n’ont-ils pas aussi peur ? Qu’est-ce qui fait la différence ?
Ce qui fait la différence : c’est ce qu’il était en train de se dire à propos des serpents. Qu’est-ce qu’il croit à propos des serpents ? Quelles sont ses convictions à propos de ce type de bestioles. Nous pouvons parier à coup sûr qu’il pense que les serpents sont mortels. S’il te mord, t’es mort !
La surprise et la méconnaissance des serpents s’ajoutant, l’on comprendra que le gars ait pris ses jambes à son coup. (Cela m’est arrivé une fois, je cours encore.)
Passons au deuxième, l’histoire raconte qu’il a été élevé par son grand père et que l’été ils allaient chasser les serpents qu’ils ramenaient à la pharmacie du coin pour quelques sous. Puis il s’est détaché de son grand-père et au fond, les serpents ce n’est pas son truc. Ils le laissent assez indifférent. Si l’on ajoute à cela qu’il s’y connaît un peu en serpent l’on comprendra son indifférence et son manque de réaction. A 9 ans il adorait courir après les serpents, à 15 c’était plutôt les filles et plus tard… Après quoi courrons-nous ?
Enfin, en ce qui concerne notre dernier personnage, il faut savoir que sa mère est une célèbre herpétologiste, spécialiste des serpents (histoire très freudienne s’il en faut) qui a transmis sa passion à son fils. Celui-ci aime les serpents, il les connaît… Ce qui explique son comportement.
Nous pourrions, à ce stade, tirer une première conclusion. Mais il nous faut savoir que cette conclusion est passablement perturbatrice, voire dangereuse. Nous allons constater que la place qu’elle laisse aux excuses et aux justifications est inversement proportionnelle à notre niveau de responsabilité.
Ce ne sont pas les événements qui déterminent nos réactions émotionnelles et comportementales, mais l’interprétation que nous en faisons à partir de nos convictions.
Alors, si nos convictions jouent un si grand rôle dans nos façons de réagir aux événements, il serait temps de se demander d’où elles viennent d’une part et si nous pouvons agir dessus d’autre part ?
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